En pleine épidémie de Covid-19, alors que les relèves d’équipages se font rares, une infirmière monte à bord du Pierre de Fermat. Sonia Mériaux embarque le 1er Avril 2020 à la découverte de la vie sur un navire et se tourne vers son journal pour raconter son expérience hors du commun.
Découvrez la première partie du « Journal de l’infirmière à bord du Pierre de Fermat : Sonia Mériaux Avril-Mai 2020 ». Ne ratez pas les prochains épisodes que nous publierons dans les semaines à venir.
Mercredi 1 er avril
Petit test depuis l’ordinateur de l’infirmerie.
Après une première nuit très courte, dans ma cabine très confortable avec toilettes et douche et vue sur les canots de sauvetage, j’ai réussi à retrouver le chemin vers le self et ensuite l’infirmerie ce qui n’est pas si mal.
On me sert au self, 14 jours de « quarantaine » à porter masque et gants, pas d’accès au carré officier ni à la salle de sport. Je peux circuler dans les coursives pour aller à mon poste de travail, dans ma bannette, au self.
Ce matin, j’ai l’autorisation de monter à la passerelle, le bateau change de quai, les nouveaux arrivent vers midi pour embarquer à condition d’être négatif au test fait en bas de la coupée.
Voilà pour ce matin
Samedi 4 avril 2020 : J4
Le navire trace sa route, il devrait arriver aux Pays-Bas vers minuit.
Nous avons changé de fuseau horaire, mais nous sommes restés à l’heure française, sauf mon portable qui s’est mis tout seul à l’heure locale. Heureusement, je me suis réveillée plus tôt, (bon je ne dors pas encore profondément non plus), sinon j’aurais été très en retard.
Journée inventaire, je vais commencer, priorité sac d’urgence, matériel de soins. Il va falloir que je le vérifie plus d’une fois, il est tellement grand, il y a tellement de produits, matériel.
Je me sens un peu mieux.
Maintenant je sais que c’est plutôt calme après le déjeuner et après 18 heures (le personnel quitte le poste de travail, on est en mer et le câble n’est pas encore remonté), alors je décide de prendre l’air et de prendre des photos.
Je suis seule sur le pont arrière alors j’en profite. De l’air, du soleil, du calme. Je suis satisfaite de ma journée, quelques passages au service médical mais rien de grave.
Je n’ai pas peur de l’adaptation, je n’ai pas peur de rester seule non plus, je double mes efforts pour faire le maximum. Je redoute l’urgence.
Je vis ici quelque chose d’unique, c’est bien au-delà de ce que je m’étais imaginée et c’est pour cela que j’écris, pour ne pas oublier.
Je prends le temps tous les jours d’écrire un peu, normal, au début tout est découverte. Et puis le soir je ne suis pas occupée. On nous prépare nos repas et on nous sert. Le commandant a donné des consignes pour les nouveaux embarqués pendant cette période du confinement.
Je garde le téléphone de service sur moi où que j’aille, de jour comme de nuit.
Je décompte les jours qui nous approchent de la fin de la quatorzaine. Même si l’ambiance est bonne, on ressent un peu de stress chez chacun.