Journée internationale du marin : Portrait d’Olivier Moisan

Journée internationale du marin : Portrait d’Olivier Moisan

Olivier Moisan, chef de projet iXblue division Sea Operations, raconte ses missions, son métier et quelques anecdotes.

 

Son job chez iXblue

Depuis quatre ans et demi chez iXblue, au sein de la division Sea Operations, Olivier Moisan a une double casquette : le travail à bord de FeliX, le navire hydrographique iXblue notamment, où il embarque régulièrement comme chef de mission "hydrographie et géophysique", mais aussi le travail dans les bureaux de La Ciotat en tant que "project manager", à superviser des missions menées par d’autres, en France ou à l’étranger.

 

Son parcours

Agé de 33 ans, Olivier Moisan est diplômé d’Intechmer, à Cherbourg (l’Institut national des sciences et techniques de la mer), option "océanographe prospecteur". Après quelques années passées dans une entreprise, il reprend ses études au sein de l’école d’ingénieurs ENSTA Bretagne (Ecole Nationale Supérieure de Techniques Avancées), à Brest, où il continue sa spécialisation en hydrographie et géophysique, tout en décrochant en parallèle un Master 2 en géophysique marine à l’IUEM (Institut Universitaire Européen de la Mer), à Plouzané, près de Brest. Son stage de fin d’études se déroule chez iXsurvey (aujourd’hui Sea Operations) à La Ciotat, puis, après deux ans en tant qu’hydrographe et géophysicien freelance, iXblue l’embauche.

 

 

 

 

Ses principales missions

Des études de futurs sites éoliens, en France, en Allemagne ou au Danemark par exemple. Que ce soit à terre ou en mer, Olivier Moisan est à la manœuvre. Il planifie les opérations pour ceux qui partent, et les dirige lui-même quand il est à bord. Un aspect du métier qu’il adore : "On doit à la fois cartographier le fond marin, ça s’appelle la bathymétrie, étudier le sous-sol pour identifier sa structure, obtenir une imagerie des fonds avec un sonar à balayage afin d’y rechercher toutes les obstructions d’origine anthropique, mais aussi utiliser un magnétomètre pour détecter les objets métalliques sur et sous la surface, notamment les mines non explosées (les UXO, de l’anglais "UneXploded Ordnance") - en somme des munitions datant de la Seconde Guerre mondiale, dont la localisation est bien entendu indispensable avant d’envisager toute construction éolienne."

 

Comment se déroule une étude de champs éoliens ?

"En deux temps, explique Olivier Moisan. Tout d’abord, il s’agit de passer au crible un large périmètre choisi par l’état, environ 10x15 kilomètres. Nous avons effectué ce genre de travail à de nombreuses reprises, au large de la Bretagne ou de la Normandie notamment, afin de sélectionner, dans ce vaste espace, des zones plus petites où les éoliennes pourraient être installées, ainsi que la sélection d’une route propice pour la pose du câble d’énergie. Suite à l’analyse des résultats de cette étude préliminaire, une deuxième phase d’étude se lance : étudier "à la loupe" ces zones en question. Les carrés à investiguer font en général 200x200 mètres, et leur profondeur ne doit pas dépasser 30 mètres. Au-delà de cette distance, les installations envisagées sont des éoliennes flottantes maintenues par des corps-morts posés sur le fond. La méthode d’étude est cependant la même et nous avons également effectué des études sur des sites d’implantation d’éoliennes flottante, en méditerranée notamment. Notre mission ? Etablir une cartographie définitive et ultra-précise de chaque zone, et vérifier que ces dernières sont dépourvues de risque. Pour cela, on établit une liste de "targets" : nous recensons toutes les bizarreries décelées après le recoupement des différentes mesures de nos instruments - magnétomètres et sonars. Il peut s’agir d’anomalies magnétiques, d’une image sonar où l’on distingue quelque chose. Il faut alors lever l’ambiguïté : un ROV (Remotely Operated Vehicle où "Véhicule Téléguidé" en français) avec caméra vidéo est mis à l’eau. Grâce à lui, on aura la réponse. Mine ou morceau de métal lambda ? Si c’est un UXO, les plongeurs et démineurs de la Marine française sont alors prévenu afin qu’ils puissent intervenir."

 

Ses autres missions

"De la cartographie de fonds marins, nécessaire à la sécurité de la navigation ; du positionnement sous-marin (pose d’hydrolienne par exemple), du dragage ou de la construction ; de la recherche d’épave et du salvage (récupération de cargaison), ou encore de l’inspection de câbles avec un ROV. Avec le bateau qui suit le ROV, on peut parcourir des centaines de kilomètres de câbles afin de repérer d’éventuels dégâts. Et là, on peut travailler à de très grandes profondeurs. En décembre 2016, nous sommes descendus à 4000 mètres de fond avec un ROV lors d’une prospection d’un mois sur une zone de débris militaires. Pour tous ces projets, on utilise la gamme de positionnement sous-marins d’iXblue, le Gaps ou le Posidonia, associé au Ramsès, ainsi qu’à une ou plusieurs centrales inertielles."

 

Son travail à bord du FeliX

"Sur des missions de 20 jours environ, on travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Dans l’équipe scientifique, on tourne par quarts de 12 heures, avec une équipe de "jour" qui travaille de midi à minuit, et une équipe de "nuit", de minuit à midi. En moyenne, nous sommes cinq dans l’équipe de survey : deux personnes par quart (une qui s’occupe de l’acquisition des données et l’autre qui réalise en parallèle le traitement). La cinquième personne, le chef de mission est "hors quart". Il arrive le matin vers 8 heures, et va terminer vers 22h (si tout va bien). Quand je suis à bord, je suis le plus souvent chef de mission : je ne m’occupe pas directement de l’acquisition des données, j’ai plutôt un rôle de management avec les équipes, je m’assure que tout se passe comme prévu avec le représentant de notre client, qui est souvent à bord. Je fais le lien avec l’équipage et également avec le bureau à La Ciotat. Comme pour tout projet, l’idée est de se projeter sur les quelques jours à venir afin d’anticiper au maximum les problèmes potentiels qui vont se présenter et y trouver des solutions adaptées : optimisation des opérations de survey, problèmes d’équipements et bateau, logistique matériel, etc…"

 

Son souvenir le plus marquant en mer

"C’était l’une de mes premières missions : un site éolien. Pendant quatre semaines, on a effectué des études au sonar, sondeur multifaisceaux et magnétomètre, on a traité les données et on les a recoupées. A vrai dire, on était plutôt épuisés ! Et la semaine d’après, on a enchaîné avec l’inspection ROV. Il était quatre heures du matin, je m’en souviens comme si c’était hier, on était deux, cela faisait des heures qu’on travaillait et, on voit sur la vidéo transmise par le ROV que l’une des "target" que l’on avait identifié était une mine allemande de la Seconde guerre mondiale ! On a repensé à ces quatre semaines éreintantes, c’était drôlement fort !"

 

Et la vie à bord de FeliX ?

"C’est un catamaran de 25 mètres, fabriqué pour accueillir jusqu’à 15 personnes de manière confortable. Il y a 2 cabines de 4, 2 cabines de 2, et 3 cabines simples. L’équipe de survey travaillant par quarts, on n’est jamais 4 en même temps dans la cabine de 4, donc ça va. Sur une campagne "classique", on compte 5 personnes côté survey (4 plus le chef de mission), et 7 personnes côté équipage (6 plus le cuisinier), qui tournent par quarts de 4h. Le cuisinier, lui, fera plusieurs services en fonction des différents quarts. Bref, c’est assez complexe comme emploi du temps, mais très bien huilé ! Et n’oublions pas que le cuisinier est l’un des hommes les plus importants du navire. Nous avons la chance d’en avoir de très bons. A l’issue de certaines missions, on se rend compte qu’on a pris du poids en rentrant à terre !"

 

Et enfin : ce qu’il aime dans son métier

"Il n’y a aucune monotonie, on voyage partout, les projets varient sans cesse. J’ai des collègues dans l’océanographie, la courantométrie, la biologie, la physico-chimie… J’aime notre manière de travailler, le fait que l’on utilise principalement des équipements qui sont développés par iXblue et que l’on échange de plus en plus souvent avec les autres divisions afin d’optimiser leurs utilisations et d’obtenir les meilleurs résultats. J’aime les challenges, et ce sont de sacrés challenges que de gérer les planning, de tout caler avec les clients qui nous imposent souvent des dates d’interventions à très court terme, sans parler du défi quotidien de la météo, et ça, c’est imprévisible : on peut toujours essuyer des grains !"

 

 


Les autres portraits :

 

Photo : ©iXblue

Date publication: 
Mardi, 25 juin, 2019 - 12:00
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