Dix jours se sont écoulés, et Sonia Mériaux ne cesse de découvrir de nouvaux aspects de la vie sur un navire. L’infirmière à bord du Pierre de Fermat racontait dans le second chapitre de son journal de bord sa rencontre avec le chef de mission. Chocolats de Pâques, "invité" surprise, Sonia Mériaux nous emporte dans cette expérience insolite !
Retrouvez la troisième partie du « Journal de l’infirmière à bord du Pierre de Fermat : Sonia Mériaux Avril-Mai 2020 ». Les prochains épisodes seront partagés très bientôt.
Vendredi 10 avril : J10
Je décide de ma consacrer à revoir l’inventaire, lire le guide médical de bord.
Mais avant cela petit récapitulatif sur le matériel présent dans le service médical. Dans la première pièce, une partie soin avec lit de consultation, les scopes sont sur l’étagère du dessus, se trouve également l’évier, chariot de soins, un appareil à stériliser (poupinel). Les armoires à proximité contiennent le matériel médical (traumato, réa, injections, perfusions, brûlures, sutures, appareil uro-génital ...)
De l’autre côté de la pièce, partie bureau, ordinateur, imprimante, téléphone, et les armoires de médicaments. Juste à côté du siège, le sac d’urgence et la bouteille d'oxygène sont posés en hauteur et maintenues avec des tendeurs à mousqueton. 14 kilos le sac d’urgence, je l’ai mis sur le pèse personne. Même le siège de bureau est imposant, il est ergonomique avec têtière, pas de roulettes et posé sur un tapis, c’est sûr il ne bouge pas.
Il y a une porte, deux lits médicalisés, une douche avec lavabo et toilettes. La première pièce est une pièce aveugle, la porte reste ouverte et donne sur la coursive.
Dans la pièce du fond, il y a deux hublots. En-dessous des lits, des tiroirs avec du stockage de matériel, comme les bouteilles à oxygène, pas « d’entrechoquage » possible, petite mousse dans sachet pour tout caler.
Les soins médicaux à bord reposent sur trois principes fondamentaux :
- Une formation des marins aux matières médicales ( trois niveaux de formation) : niveau 1 : effectuer les gestes de premier secours ; niveau 2 : effectuer les soins médicaux d’urgence ; niveau 3 : assurer la responsabilité des soins médicaux (le commandant)
- Une dotation médicale adaptée au type de navigation
- La consultation de télémédecine avec le centre de Toulouse où sont connus le niveau de formation aux matières médicales des marins et la composition des dotations médicales (dotation identique sur tous les navires) : c’est le CCMM : Centre de Consultation Marins en Mer
En l’absence de médecin à bord, le Commandant est responsable des soins, la décision opérationnelle lui appartient (soins à bord, débarquement, déroutement du navire, évacuation).
Le CCMM assure tous types de consultations médicales de 8h à 18h en semaine et 8h à 13h le samedi. En-dehors de ces horaires, c’est le médecin régulateur du SAMU de Toulouse qui assure la permanence. Si besoin, il peut faire appel à un médecin dédié CCMM d’astreinte.
L’infirmier après examen, de par sa formation, peut poser un diagnostic infirmier « rôle propre », faire les soins, donner des traitements. Pas de protocole écrit à bord.
Tous les traitements sur prescription ; l’avis médical est nécessaire/ CCMM
Cet après-midi le ROV (robot amphibie équipés de chaînes pour avancer dans les fonds marins, de caméras, de bras articulés pour récupérer le câble) est à l’eau, il doit trouver le câble, mais il est enfoui trop profondément par endroit.
En plus les marées sont importantes, le ROV est difficile à manœuvrer. Il faut stopper le pilotage, au moins 2 heures (courant estimé à 4 km/h) .
Les câbles peuvent être enfouis à plus de 7 mètres sous le sable.
Dimanche 12 avril : J12
Dimanche de Pâques, mais pas de chasse aux œufs cette année.
Au petit déjeuner, je parle des chocolats de Pâques qui ont été customisés pour augmenter les ventes.
Je leur parle des l***** à qui on a fait des masques en chocolat blanc.
OH LÀ LÀ Sonia, ce mot est interdit à bord. Mais que je suis bête. J’avais oublié, mot banni à bord ; on peut à la rigueur parler de bête aux grandes oreilles. Ouf, je n’ai pas été jetée par-dessus bord.
Les travaux continuent sur le navire, un peu de souplesse dans les services de quart.
Petite distraction, le cuistot me dit d’aller sur le pont arrière, un phoque veut s’inviter à bord.
J’ai la chance de l’apercevoir, il passe de bâbord à tribord, il est resté pas mal de temps autour du navire. Un plaisir simple, mais on se réjouit de ce moment.
Le menu : avocat, œuf en cocotte, gigot d’agneau et ses flageolets, fromage, forêt noire, café et digestif.
Tout le monde spécule sur la fin de la mission, relève ou pas relève ? Et le moral de l’équipage ? C’est un peu long pour certains, même pour les français. Seule consolation, plutôt que d’être confiné dans un appartement, mieux vaut rester sur le navire.
Tout le monde attend l’allocution du président de lundi.
Crédits photos : © Laurent Miquel