Conférence SHIP & FINANCE
Press Club, Bruxelles - 20 Janvier 2020
Le 20 janvier 2020, l'ECSA (European Community Shipowners’ Associations) organisait un événement réunissant des experts du transport maritime et les acteurs des services financiers en vue de trouver des solutions pratiques pour faciliter les ambitions européennes.
L'industrie du transport maritime a besoin d'un financement suffisant - disponible et abordable - pour respecter son engagement et œuvrer en faveur d'une économie durable. Le succès de l'industrie du transport maritime va ainsi de pair avec le succès de l'industrie des services financiers. Qu'il s'agisse d'un régulateur ou d'un acteur du marché, l'industrie du transport maritime et l'industrie des services financiers doivent unir leurs forces pour se rapprocher de l'objectif commun.
Depuis quelque temps, l'industrie est confrontée à une diminution des financements bancaires européens disponibles et abordables pour les projets maritimes
Les raisons sous-jacentes sont entre autres :
- Une réglementation prudentielle plus stricte pour les banques compte tenu de l’évolution des exigences des règles de Bâle IV
- Le manque de règles du jeu équitables au niveau international pour les exigences prudentielles (c'est-à-dire que la Chine et les États-Unis sont moins stricts envers les banques)
- Le manque de sources alternatives de financement en Europe (les marchés de capitaux ne sont pas suffisamment développés)
- Le risque qui accompagne la transition (incertitude réglementaire notamment).
Les régulateurs européens font de leur mieux pour encourager l'industrie à entrer dans la transition vers l'économie verte par le biais de fonds, subventions et instruments financiers innovants (« Blending Facilities »).
« Nous sommes tous dans le même bateau » - Martin DORSMAN, Secrétaire général de l’ECSA
Martin Dorsman a ouvert l'événement en déclarant que la priorité de l'ECSA est de « travailler avec l'Union européenne, l'Organisation Maritime Internationale et nos partenaires maritimes vers la durabilité de notre secteur et dans notre lutte commune contre le changement climatique par l'innovation et la recherche tout en maintenant la compétitivité mondiale du transport maritime de l'Union européenne ».
Le succès de l'industrie du transport maritime va de pair avec le succès de l'industrie des services financiers : le maintien des affaires en Europe est essentiel pour les armateurs européens.
Dans un deuxième temps, le professeur Gortsos a souligné que le coût du capital avait considérablement augmenté en raison d'exigences prudentielles strictes. Le professeur a conclu que ces exigences et l'initiative dite « Taxonomie » devraient être abordées avec prudence afin de ne pas créer d'arbitrage réglementaire à l'échelle mondiale.
Pour sa part, Gonzague Archambeaud, directeur financier de Louis Dreyfus Armateurs, a expliqué comment le groupe a vécu cet impact sur le marché et a confirmé que la structure du financement de leur entreprise a considérablement changé au cours de la dernière décennie, du fait que le financement bancaire européen est devenu plus coûteux. Les banques financent en effet des transactions à assez court terme. Il a également évoqué le fait que la Chine est devenue la principale source de financement. |
S’agissant de la taxonomie, les experts ont averti que le rôle de ces règles de taxonomie devrait être de faciliter la transition verte plutôt que de créer un traitement préférentiel pour un « club vert ». Il a été en outre rappelé que le Groupe d'experts techniques sur la finance durable, qui est également chargé de l'élaboration des principes sectoriels, a reporté de quelques mois ses discussions sur le secteur du transport maritime pour pouvoir suivre une approche globale.Enfin une table ronde intitulée « Opportunités et défis futurs liés au financement du shipping » a permis d’évoquer les prochaines étapes nécessaires à la transition écologique et énergétique du secteur maritime et rappelé que l'innovation était cruciale pour progresser vers les objectifs climatiques. Cependant, une flexibilité de la part de toutes les parties prenantes apparait nécessaire pour atténuer les risques, tout en ne compromettant pas la sécurité maritime. Il a également été précisé qu'une transition efficace nécessitait des conditions de concurrence équitables au niveau international.
Pour clôturer l’événement, Martin Dorsman a insisté sur la nécessité de la pleine coopération de tous les acteurs du transport maritime et des services financiers pour atteindre les objectifs fixés.